CONAKRY – Lors d’une conférence de presse animée ce mercredi 3 septembre, la directrice générale des élections, Zénab Touré, a levé le voile sur les raisons ayant conduit à la suspension de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), le parti de Cellou Dalein Diallo.
Selon madame Touré, la sanction infligée à l’UFDG est le résultat de plusieurs dysfonctionnements internes, allant de la gestion financière à la violation des statuts du parti.
Une gestion financière floue
Zénab Touré a pointé du doigt les « irrégularités » dans la gestion des fonds du parti, notamment en ce qui concerne la construction de son siège social. Elle a exprimé son étonnement face au manque de transparence concernant l’origine des fonds, estimant que la valeur de l’édifice, estimée à plus de 10 milliards de francs guinéens, ne pouvait être justifiée.
« Vous ne pouvez pas me dire que vous avez construit un siège qui fait plus de 10 milliards que vous ne pouvez pas me justifier comment tout l’argent est rentré. Et que vous me dites simplement que les comptes sont avec des gens qui sont en prison. L’autre trésorier est décédé, nous n’avons aucun document ou les documents sont avec le président ou les documents se trouvent au palais Sekoutoureyah. Un parti politique ne peut pas être géré comme ça », a-t-elle martelé.
Non-respect des statuts et procédures internes
La directrice générale des élections a également souligné l’absence de respect des règles de fonctionnement de l’UFDG. Elle a mentionné le manque de transparence concernant la liste des membres de l’organe de direction, la durée de leur mandat, ainsi que l’absence de comptes rendus d’activité. Elle a aussi remis en question le processus de vente des cartes de membres, s’interrogeant sur l’utilisation des fonds générés.
« La liste des membres de l’organe de direction, c’est prévu, mais donnez-nous la liste. Qui sont les membres de l’organe de direction ? Quel est le mandat ? Est-ce que le mandat des membres du bureau exécutif est respecté ? Les délais d’organisation, les états financiers. Si on ne voit pas tout ça… », a-t-elle enchaîné.
Madame Touré a également insisté sur l’irrégularité des procédures internes, citant notamment l’absence de congrès depuis 2015. Elle pointe le fait que la convention nationale tenue par le parti ne pouvait se substituer à un congrès statutaire, contrairement à ce qu’affirmait l’UFDG:
« L’UFDG n’a pas organisé de congrès depuis 2015 et on a demandé des procès-verbaux électifs à tous les niveaux on n’en a pas eu. Et la substitution irrégulière d’une convention nationale à un congrès statutaire. Parce qu’on a dit qu’il y avait la Covid, on a fait un congrès, on nous a présenté un document qui est en violation même des dispositions statutaires. Parce qu’aucun texte n’assimile une convention nationale à un congrès du parti, la convention nationale du parti est différente du congrès ».
Le pouvoir excessif du président du parti
Pour Zénab Touré, la suspension de l’UFDG est aussi le fruit d’un fonctionnement en marge des règles démocratiques, où le président du parti semble prendre seul des décisions importantes. Elle a précisé que les statuts du parti prévoyaient que certaines décisions, comme la sanction d’un membre, devaient être prises par des instances comme le conseil politique et non par le seul président.
« Il ne revient même pas au président Cellou de prendre une décision de sanctionner quelqu’un. Il y a un conseil politique…qui se réunit, prend une décision, il revient au conseil politique de l’appliquer. Donc ça veut dire que le conseil politique va se réunir en réunion à tel jour, à telle date, après la décision suivante, l’examen… telle personne est suspendue ou est sanctionnée pour telle période. C’est de ces dysfonctionnements qu’on reproche sans toucher la charte des partis politiques », a ajouté madame Zénab Touré, insistant sur le fait que l’UFDG n’était pas le seul parti politique à être visé par ces reproches.
Nous y reviendrons !
Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Créé le 3 septembre 2025 20:42
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