L’annonce de l’intention d’Alassane Ouattara, 83 ans et président de la Côte d’Ivoire depuis 2011, de briguer un quatrième mandat lors de l’élection présidentielle d’octobre 2025, résonne fortement dans la sous-région, notamment en Guinée. Cette décision, qui va à l’encontre de la limitation des mandats souvent inscrite dans les constitutions africaines, a provoqué une vive déception parmi les défenseurs des principes démocratiques.
Mohamed Traoré, figure engagée dans la préservation des acquis démocratiques et ancien membre démissionnaire du Conseil National de la Transition (CNT) en Guinée, n’a pas manqué d’exprimer son désaccord face à cette perspective. Il met en lumière les arguments souvent avancés par les dirigeants africains pour justifier leur maintien au pouvoir, des arguments qu’il juge fallacieux.
‘’’ADO parle de son expérience et de la nécessité de préserver la stabilité de son pays pour justifier sa quatrième candidature à la présidence de République. Ainsi, dans toute la Côte d’Ivoire, il n’existerait personne qui aurait ou qui pourrait avoir l’expérience nécessaire pour diriger son pays. Il oublie que lui-même n’est pas né président de République’’, a souligné Mohamed Traoré.
L’avocat guinéen rappelle qu’Alassane Ouattara, bien qu’ayant été Premier ministre, n’avait pas d’expérience présidentielle avant son accession à la magistrature suprême.
‘’Il a été certes Premier ministre de Côte d’Ivoire. Mais il n’avait jamais dirigé son pays en tant que président de la République. L’expérience dont il se targue a été acquise à la tâche. La question de l’expérience est tellement mise en avant qu’elle sert de justification au pouvoir à vie du nonagénaire Paul Biya dont tout le monde sait qu’en réalité il ne contrôle plus grand-chose dans son pays’’, ajoute Me Traoré.
Parfois, regrette ce défenseur des acquis démocratiques, ‘’les dirigeants ne se préoccupent que très peu de la pertinence ou du sérieux de leurs arguments. En 2020, c’est le décès de Amadou Gon Koulibaly qui avait servi de prétexte à ADO qui avait pourtant promis qu’il ne briguerait pas un troisième mandat. Comme si en dehors de Amadou Gon Koulibaly, personne d’autre ne pouvait lui succéder’’.
Mohamed Traoré dresse un constat sévère sur la santé démocratique d’une grande partie de l’Afrique francophone. ‘’L’Afrique francophone, exception faite du Sénégal et du Bénin, est un corps malade du point de vue démocratique’’, déplore-t-il.
Pathé BAH, pour VisionGuinee.Info
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