Alors que les Forces vives de Guinée projettent une manifestation le 5 septembre pour s’opposer au projet de nouvelle Constitution, l’ancien député de l’UFDG se dit opposé aux protestations de rue non autorisées. Dans un entretien accordé à notre rédaction ce jeudi, Ben Youssouf Keita rappelle les violences qui ont émaillé les manifestations politiques par le passé.
Le président du parti Alliance pour le Changement et le Progrès invite l’ensemble des acteurs politiques à se réunir autour de la table de négociation, afin d’aplanir les divergences.
Il reconnait que “la manifestation est un droit consacré, même par la Charte des droits de l’homme des Nations Unies. C’est-à-dire, c’est le droit pour chaque citoyen de manifester son mécontentement s’il n’est pas satisfait de la manière dont la gestion de son pays est faite. Cependant, chaque pays a sa spécificité et chaque manifestation répond à des règles. Il y a une loi qui vous permet de manifester. Mais, pour manifester, il y a des conditions à remplir. Si ces conditions sont remplies, vous pouvez manifester sans problème. Dans le cas contraire, c’est un danger”.
Ben Youssouf Keita rappelle que “pendant 15 ans, j’ai été dans un grand parti politique, qui était le plus important de l’opposition. L’expérience a montré que, quand les manifestations ne sont pas autorisées, ce sont des dégâts matériels, des pleurs, des larmes, de la sueur et surtout des pertes en vies humaines. Ce qui est dommage, c’est que depuis les malheureux événements de janvier-février 2007, combien de guinéens ont perdu la vie sous le pont 8 Novembre ? Combien de guinéens ont perdu la vie dans des manifestations non autorisées de 2010 jusqu’en 2020 ? Sous le régime précédent, plus de 200 jeunes ont perdu la vie pendant ces manifestations. Et au final, on n’obtient pas ce qu’on veut. La preuve aujourd’hui, nous sommes dans un régime militaire, arrivé le 5 septembre 2021. Pourquoi ? Parce que, de 2010 jusqu’en 2021, il n’y avait pas de stabilité sociale, en réalité”.
A l’en croire, “des manifestations ont conduit le pays à ne pas évoluer comme il se doit. Les difficultés se sont accumulées, le climat social était délétère, et cela a favorisé un coup d’État. Mais ceux qui étaient à la base de ces manifestations, est-ce que ce coup d’État les a favorisés ? Je dis non. Donc, je ne suis pas pour les manifestations de rue en Guinée. Je préfère un dialogue. Il y a plusieurs manières de faire le dialogue. On peut passer par plusieurs stratégies pour que nous nous entendions. Pour cela, il faut que chacun mette au-dessus ses intérêts l’intérêt supérieur de la nation. Mais la manifestation, ce n’est pas la panacée”.
Il invite le CNRD et les Forces vives à mettre leurs égos de côté pour privilégier l’intérêt supérieur de la nation. “Parce que la Guinée nous appartient à tous et on n’a pas une autre patrie. La Guinée a besoin de paix, de stabilité et d’entente pour se développer. Dieu nous a tout donné. Nous sommes un pays extraordinairement riche. Nous sommes assis sur une mine de richesses, mais nous souffrons. Parce qu’il n’y a pas de paix, d’entente, de cohésion pour que la Guinée sorte de l’ornière. Alors, une fois de plus, je ne suis pas pour les manifestations non autorisées en cette période”, insiste Ben Youssouf Keita.
Djiwo BARRY, pour VisionGuinee.Info
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