Une centaine d’habitants de la sous-préfecture de Madina-Oula, dans la préfecture de Kindia (à 75 km de la ville-centre), exigent des compensations pour les préjudices subis depuis le lancement des travaux de Winning Consortium Simandou (WCS), en partenariat avec CRCC 16 et 18, dans le cadre du mégaprojet minier de Simandou.
Le comité sous-préfectoral de suivi des impacts du projet, chargé d’évaluer les effets de l’exploitation minière dans les districts concernés, a publié ce vendredi 16 mai 2025 son cinquième rapport trimestriel, couvrant la période de décembre 2024 à février 2025.
Ce rapport de deux pages tire la sonnette d’alarme sur de nombreuses problématiques environnementales et sociales non résolues.
Selon les observations du comité, plusieurs champs agricoles sont devenus stériles ou ont été détruits par le passage des voies routières et ferroviaires du corridor minier.
Les populations locales pointent du doigt la pollution de l’air, l’augmentation des cas de maladies respiratoires et d’asthme, ainsi qu’une dégradation visible de la qualité de vie.
L’ensablement des terres agricoles par de la latérite rend les activités champêtres de plus en plus difficiles, menaçant la sécurité alimentaire de toute une communauté.
Le rapport déplore également un manque de transparence et de communication de la part de la société minière. Le comité appelle Winning Consortium Simandou à respecter l’article 9 du Code guinéen de l’environnement, qui stipule l’application du principe de précaution, le principe du pollueur-payeur et la responsabilité environnementale.
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« Depuis le passage du corridor, j’ai perdu mon champ. Je n’ai toujours reçu aucune compensation », témoigne Mamata Soumah, une habitante du district de Sikhoussoria.
« Aujourd’hui, je n’ai plus de terre à cultiver. Si on m’aide, je pourrais au moins faire du petit commerce pour subvenir à mes besoins. », a-t-il renchéri.
Dans ce district de plus de 1 000 habitants, situé à 15 km de Madina-Oula centre, les infrastructures de base font cruellement défaut. Il n’y a ni école fonctionnelle ni centre de santé digne de ce nom, et la voie de desserte vers le corridor n’a pas été reprofilée, déplorent les habitants.
M’Balia Bangoura, membre du comité de suivi, dénonce quant à elle l’impact sanitaire du projet.
« Nous ne respirons plus de l’air pur. Les cas de toux à la mosquée deviennent quotidiens. Il y a des problèmes d’irritation oculaire et de crises d’asthme récurrentes. Nous, les femmes, souffrons énormément. Si nos maris tombent malades, c’est à nous de prendre en charge la famille (…) », a-t-elle déploré.
Le rapport signale également que plus d’une centaine de bâtiments ont été fissurés, conséquence directe des dynamitages liés aux travaux.
Les membres du comité et les populations locales appellent à des mesures urgentes, notamment les compensations équitables, appuis à l’autonomisation des femmes, les formations, et prise en compte des préoccupations environnementales dans l’exécution du projet.
Le silence de Winning Consortium Simandou face à ces griefs reste, pour l’heure, incompris et vivement critiqué par les communautés riveraines.
Rachid Camara, depuis Kindia
Correspondant de Conakry Infos
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