Aujourd’hui encore, je me démange. Mes pouces me rongent. Je m’ennuie. Je cogite et mon instinct me recommande de parler des singes politiques. Certains les désignent comme “les prostitués politiques”. D’autres les appellent : “les transhumants politiques”.
Une autre catégorie pourrait bien avoir une autre appellation. Ils sont là, partout et nulle part. Ils jonglent entre le pouvoir et l’opposition. Ils sont là, tout le temps. Ils suent, puent, sentent, mais ne se fatiguent jamais. Ils sont prêts à tout pour mouiller le maillot.
Le miel du pouvoir et les avantages
Ils soutiennent tout le monde et personne. Ils sautent de branche en branche sans objectifs clairs. Aujourd’hui, ils sont avec le pouvoir. Ils dressent des couronnes aux gouvernants. Ils se font passer pour des larbins. Ils obéissent à tous les ordres qu’on leur dicte, bons ou mauvais. Ils consentent à toutes les décisions prises en amont et en aval.
Ils sont même capables de renier leurs propres familles pour ne pas perdre les privilèges dont ils bénéficient : grosses caisses, mallettes, primes de voyage, prix de champagne, de carburant, concussion, etc.
Le chef les croit et leur porte une confiance aveugle. Mais attention, leur parole de fidélité n’est pas une montagne à déplacer. Ils sont au pouvoir et assument leurs positions quand tout va bien et marche à merveille. Le jour où le bateau chavire ou tangue et que les passagers à bord se noient, eux, ils ont toujours des gilets de sauvetage et des stratagèmes pour ne pas couler avec le bateau.
Coulée et chavirement du pouvoir
Dans un premier temps, ils prennent tambour et trompette pour justifier leur position et faire semblant de s’assumer. Puis vient le second moment. Là, ils se taisent un instant, comme un cimetière de sourds-muets. La sieste finie, ils reprennent les armes et le combat. Ils draguent dare-dare les opposants qu’ils accusaient hier de tous les péchés d’Israël.
Ils sont prêts à confesser pour dire qu’ils étaient sous pression. Ils sont capables de dire qu’ils avaient les mains liées. Ils sont en mesure de déshabiller Pierre pour habiller Paul, qu’ils ont contribué à déshabiller.
Retour à la source mielleuse
Ça y est. Ils reprennent leurs côtes de popularité. Ils se souviennent des tactiques. Au moment où leurs alliés ont le plus besoin d’eux et ont le plus confiance en eux, ils montrent leurs propres visages, plient bagages et repartent d’où ils sont venus. Même s’il faut cirer les chaussures des chefs, détenir les mouchoirs, déterrer des cadres qui étaient dans le placard, ils sont prêts et vraiment prêts à vendre les secrets de leurs anciens alliés.
Quand on leur demande pourquoi ils épousent ces attitudes de caméléon, ils répondent : « En politique, c’est l’intérêt qui lie les hommes. » Mais de quel intérêt parle-t-on ? Individuel ou collectif ?
D’autres vont jusqu’à dire que la politique : « N’est pas une religion. » C’est bien vrai. Mais la moralité et le sens du devoir n’existent-ils pas en politique ?
Naïvement et bizarrement, cette catégorie de personnes est adulée par le peuple. Leur changement de couleur politique et de veste est pris pour une prouesse et une capacité à faire face à toutes les situations. Ils sont approchés par les pouvoirs sans arrière-pensées pour : « mieux et bien préserver et protéger leur fauteuil. »
Mais en réalité, ce ne sont que des profiteurs qui épousent l’incongruité, prennent comme petit-déjeuner le mensonge, déjeunent avec la division et dînent avec la transition.
Babanou Timbo CAMARA
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