La grande prière du vendredi 14 juin à la mosquée Bilal de Nongo, dans la commune de Ratoma à Conakry, a pris une tournure inhabituelle.
En plus des traditionnels rappels spirituels liés à l’entrée dans la nouvelle année musulmane (1447 de l’Hégire), l’imam Elhadj Mansour Fadiga a prononcé un sermon fortement marqué par l’actualité internationale.
Il y a exprimé son soutien explicite à l’Iran dans le conflit l’opposant à Israël, appelant les fidèles à « prier pour la victoire du camp iranien », rapporte nos confrères de GuineeMatin, présents sur place.
Dans son premier sermon, l’imam a exhorté les fidèles à accueillir la nouvelle année hégirienne avec piété et reconnaissance.
« Il faut remercier Allah pour les bienfaits reçus durant l’année écoulée, se repentir de ses péchés et formuler de meilleures intentions pour l’année à venir », a-t-il déclaré.
Mais c’est son second sermon qui a véritablement capté l’attention de l’assistance.
Revenant sur le conflit entre Israël et l’Iran, Elhadj Mansour Fadiga a vivement condamné les récentes actions militaires israéliennes, notamment le bombardement, le 14 juin, d’un site nucléaire en territoire iranien.
Selon lui, « l’Iran n’a fait que répondre à une agression » et cette escalade militaire menace gravement la stabilité mondiale.
« Israël continue de semer la désolation dans la bande de Gaza pendant que la communauté internationale reste silencieuse. Même les convois humanitaires sont bloqués aux frontières par des pays arabes, ce qui est une honte pour notre Oumma. J’ai invité les fidèles à multiplier les prières pour que l’Iran triomphe, et qu’Allah mette un terme à cette guerre avant qu’elle ne dégénère en conflit mondial », a-t-il lancé depuis le minbar.
Cette prise de position intervient dans un contexte de fortes tensions régionales et internationales. Elle suscite des réactions partagées au sein de l’opinion guinéenne, entre partisans d’une solidarité islamique et défenseurs de la neutralité religieuse sur les enjeux géopolitiques.
Si la liberté d’expression des leaders religieux est reconnue, leur implication dans des questions aussi sensibles que les conflits armés internationaux soulève des débats sur la frontière entre spiritualité et militantisme.
Mohamed Sylla
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