Alors que les autorités de la transition ont donné le coup d’envoi de la campagne pour le référendum constitutionnel, le président du Bloc libéral, Faya Millimouno détecte des anomalies dans le futur texte fondamental du pays.
Sans prendre de gants, le président du BL assure ce projet est un danger pour la Guinée et les guinéens.
Assemblée figurante…
Dans l’Assemblée nationale, faut-il remarquer, ‘’on n’a même pas dit combien seront membres. Par le passé, notre Assemblée était composée de 114 députés. Aujourd’hui, on ne sait pas (…). Nous n’étions pas capables de financer correctement les 114 membres. Parce que pour dire que l’Assemblée nationale est financée correctement, il faut voir le résultat. Est-ce que vous vous rappelez d’une loi qui a été votée ici, qui provient d’une proposition d’un député ? Non. Pour que députés soient dans les conditions de produire, de faire des recherches, pour savoir quotidiennement quel est le besoin des personnes qui les représentent, il faut que chaque ait à côté de lui un petit cabinet. Mais quel est le député guinéen qui a un petit cabinet ? Non. C’est pourquoi, toutes les législatures en Guinée sont là-bas juste pour voter les projets de loi qui viennent du gouvernement. Parce qu’ils ne sont pas dans les conditions’’.
Et, enfonce-t-il, ‘’le CNT, sachant cela, au lieu de faire en sorte que nous ayons une chambre qui va être bien financée, avec des représentants bien outillés, des cabinets capables de faire des recherches, faire des résumés pour eux, écrire des propositions de loi, on a ajouté une nouvelle chambre. Donc on peut se poser la question, qu’est-ce que cette chambre-là va faire ?’’.
Pléthore d’institutions…

Il rappelle que ‘’la constitution de 2010, il y avait au plus sept institutions qui existaient, de la présidence au conseil économique et social. Au lieu d’une multiplicité d’institutions judiciaires comme la cour constitutionnelle, la cour des comptes, la cour suprême, nous avions simplement une cour suprême. A l’intérieur, il y avait une chambre constitutionnelle, une chambre économique, il une chambre administrative. De loin, ça nous coûtait moins cher par rapport à ce qu’on a créé après la mort du général Lansana Conte. Parce que cette grande révolution a commencé avec la constitution de 2010, où on a sorti toutes ces chambres de la cour suprême pour en faire des institutions’’.
Aujourd’hui, se demande le patron du Bloc libéral, ‘’combien de départements ministériels sont dans des édifices privés qui nous coûtent de l’or ? On a multiplié les institutions républicaines, dont on ne voit pas véritablement. Quand le CNRD est venu, le CNRD a suspendu le conseil économique et social. Ça nous a empêché d’être dans notre misère ? Même si la HAC disparaissait aujourd’hui, vous croyez que vous ne serez pas plus libres ?’’
Financer une administration sans résultat…
Dr Millimounou note que ‘’récemment, on a vu des départements ministériels version CNRD. Le ministère de la jeunesse et des sports a été scindé en deux départements. Le ministère de l’hydraulique et de l’énergie en deux départements. Le ministère de l’agriculture et de l’élevage, deux départements. Le ministère du commerce, des petites et moyennes entreprises, industrie, deux départements. La culture, l’artisanat sur le tourisme, deux départements aujourd’hui. Depuis 1958, on a eu un ministère de la Jeunesse, on a eu un ministère des sports. Montrez-moi où nous avons des infrastructures sportives en Guinée pour permettre à nos enfants de jouer’’.
‘’La culture dans notre pays, c’est le meilleur ambassadeur (…). Mais vous voyez comment nos hommes de culture finissent ? Vous vous rappelez de certains, comment ils sont morts ? Mais plus que tout, montrez-moi un seul palais de la culture en République de Guinée. Même à Conakry, ici, il n’y en a pas. Heureusement que Sékou Touré nous a laissé la fameuse salle des congrès du Palais du Peuple. Mais on continue à dépenser des milliers de milliards pour nourrir une administration colossale de gens qui ne savent même pas quoi faire. Et on continue à multiplier sans encadrement (…). Mais le plus grand danger, c’est que ceux qui ont eu le droit de nommer à des fonctions civiles et militaires ont fait en sorte que vous pouvez vous asseoir et dire que ce n’est pas la compétence, l’intégrité, l’expérience qui prime. Si le président est un sousou, si vous dites que 50% ou 60% seront des sousous, vous n’avez pas menti. C’est ce qui a fait que, politiquement en Guinée, nous avons l’ethnocentrisme’’, ajoute-t-il.
Boussouriou Doumba, pour VisionGuinee.Info
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