Face à la crise de liquidité qui frappe la Guinée, les autorités de la transition lancent un appel pressant aux acteurs économiques pour réinjecter leurs fonds dans le circuit bancaire et soutenir le fonctionnement de l’économie nationale.
Amené à expliquer les raisons de la crise de liquidités en Guinée, le secrétaire général du ministère de l’économie et des finances assure que ‘’la monnaie que nous utilisons, c’est un instrument de transaction. C’est ce qui nous permet de faire nos transactions, de faire nos courses, de faire nos démarches (…). Donc cette situation, c’est un peu une combinaison de beaucoup de facteurs, notamment le niveau relativement faible du taux de bancarisation. Ce qui est en soi un défi pour les autorités, mais aussi pour l’ensemble du pays. Avec un taux de bancarisation à moins de 20 %, il y a forcément une tentation à thésauriser, à garder de l’argent. Mais tout ceci n’est qu’une question aussi de confiance en l’économie’’.
A la question de savoir si cette situation n’émane pas d’un manque de vision des autorités de la transition, Dr Mamoudou Touré répond : ‘’Absolument pas ! Il s’agit plutôt de communiquer davantage avec les acteurs de la vie socio-économique, notamment les acteurs de la vie économique, afin qu’ils acceptent de remettre la liquidité qu’ils ont à leur disposition dans les circuits bancaires. Vous aurez beau émettre de l’argent dans l’économie, si plus de 94% sont gardés ailleurs, chaque fois vous aurez besoin de liquidité pour faire fonctionner votre économie’’’.
C’est pourquoi, assure-t-il, ‘’il y a un travail de fond à faire pour améliorer le niveau de confiance entre les gouvernants et les gouvernés, surtout entre le système bancaire et les citoyens. Parce que s’il faut déposer votre argent tout en faisant des heures et des heures de queue pour pouvoir le retirer, il va s’en dire qu’à un moment donné vous allez vous dire que garder l’argent sur soi est mieux. Mais sauf que les gens aussi prennent des risques. On a vu tout récemment les incendies qu’il y a eu, ainsi que les risques de vol. C’est à leur risque et péril’’.
Donc, assure Dr Touré, ‘’le gouvernement est en train de travailler là-dessus pour sensibiliser les gens, parce que l’économie en soi, c’est un circuit. Ce que vous gagnez, c’est ce que les autres perdent. Ce que vous donnez, c’est ce que les autres reçoivent. C’est pourquoi, le gouvernement est en train de travailler là-dessus pour sensibiliser les uns et les autres. Mais il faut aussi comprendre que l’injection de liquidités, c’est quelque chose de tout à fait normal. Chaque année ou à chaque moment, la Banque centrale fait des émissions de billets de banque. Vous savez pourquoi ? Parce que tout simplement, à cause de la circulation de la monnaie qui passe de main en main, les billets s’usent. À un moment donné, il faut les retirer de la circulation pour injecter de nouveaux billets’’.
Au-delà de cela, ajoute-t-il sur la télévision nationale, ‘’lorsque vous regardez la dynamique démographique de la Guinée, c’est 2,8 % de taux de croissance démographique. Ça veut dire que la population va crescendo. Qui dit population en augmentation dit demande de plus en plus pressante. Quand on voit aussi tous les investissements qui se font actuellement dans notre pays, la demande va crescendo également. Donc, le besoin en termes de liquidités va en augmentant. Les autorités monétaires répondent régulièrement à cette demande pressante ou à cette demande supplémentaire en injectant de nouveaux billets de banque. Ce n’est pas quelque chose d’extraordinaire’’.
Boussouriou Doumba, pour VisionGuinee.Info
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