Interpellée mercredi sur les véritables raisons de la suspension de l’UFDG et du RPG Arc-en-ciel à quelques semaines du référendum constitutionnel du 21 septembre, Djénab Touré, directrice générale des élections, a déroulé la liste des reproches à l’endroit de ces principales formations politiques du pays.
Gestion financière opaque, absence de congrès, manque de transparence dans les statuts et dysfonctionnements internes, l’ancienne directrice des affaires politiques estime que ces manquements justifient la mesure prise par le ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation. Réaction.
L’inclusivité mise en avant
125 partis politiques associés dans un comité technique inter-parties qui se retrouvent, 66 partis politiques associés à travers leur jeunesse au sein du Forum national des jeunes des partis politiques, le cadre de concertation des filles et des femmes regroupe plus de 70 partis politiques représentés à travers leurs femmes. On parle d’inclusivité. Et vous savez, même avec les médias, on a quand même réussi à faire des conventions avec la presse privée, à travers les différentes associations, y compris la presse en ligne et la presse écrite.
Donc, pour nous, il y a eu depuis le recensement une inclusivité autour des mouvements, des changements opérés au sein des organes de direction, sans information de la tutelle, ce qui est contraire à l’article 17 de la Charte des partis politiques. Je vais vous renvoyer à la charte, vous allez la lire. Mais aussi, souvent on nous dit : vous avez suspendu.
Le cas du RPG Arc-en-ciel
C’est vrai, le RPG. Le RPG est composé de ces 100 et quelques partis qui ont fusionné pour donner le RPG Arc-en-ciel. Le RPG n’existe plus. Et le RPG Arc-en-ciel, ce qu’on leur demande comme documents, ce sont les pièces comptables. Et ça n’a pas été fourni. Les gens disent qu’ils étaient déjà suspendus. Quand vous suspendez un parti et que la période arrive, vous évaluez la situation, soit vous levez la sanction, soit vous la reconduisez. Mais il faut qu’à un moment donné, si nous voulons bien gérer notre pays, que la rectification institutionnelle que nous demandons, nous les administrateurs, commence à s’appliquer.
Des dysfonctionnements internes
Si vous dites que les organes de votre parti, le bureau politique, 400 membres du comité central, ne se réunissent jamais, que vous n’avez pas de documents, que vous ne fournissez pas le registre de vente des cartes de membres, que vous n’arrivez pas à justifier les fonds que vous avez reçus, il y a un véritable problème. Ça veut dire qu’il n’y a même pas d’alternance au sein de votre propre parti, conformément aux statuts et au règlement intérieur. Et c’est vous qui dites que vous allez au congrès pour changer. L’UFR était dans la même situation. Mais si vous faites des statuts et un règlement intérieur à l’image d’un gouvernement, forcément, ça va vous rattraper.
L’exemple du PEDN
Je prends les statuts et le règlement intérieur du PEDN. Son président peut assister au congrès à travers les nouvelles technologies de l’information. Donc, il est resté à l’étranger et a participé au congrès. C’est dans leurs statuts et règlement intérieur. Donc, quand on fait une association à but politique, il faut l’alléger. Si vous tombez sur une administration qui veut appliquer la loi, on vous confrontera à vos statuts.
Donc, le RPG, au-delà d’être en porte-à-faux avec certaines dispositions de la charte de la transition, c’est d’abord son statut et règlement intérieur. C’est vrai qu’ils ont montré des preuves d’organisation des congrès au niveau des sections.
Le Parti du renouveau et du progrès (PRP), sans siège
Le troisième parti, lui-même, a un militant de l’UFDG, parce qu’il est le porte-parole de l’ANAD et milite plus dans l’UFDG que dans son propre parti. Il n’a pas de siège. Il sait, je sais. Si vous voulez, je vous invite demain à sortir ses statuts et règlement intérieur, qu’on les regarde ensemble, qu’on examine tous les statuts et règlements intérieurs.
Ça fait plus de 20 ans que je suis dans le processus politique, à mon niveau. Je ne suis pas une politicienne, je n’appartiens pas à un parti politique, j’ai toujours appartenu à la société civile.
J’ai travaillé dans les plateformes de jeunesse. Beaucoup de gens dans la salle ici me connaissent pour ça. Mais il faut qu’à un moment donné, on stoppe l’hémorragie intellectuelle dans notre pays, la paresse intellectuelle.
Quand le Haut-Commissariat des droits de l’homme est venu me voir pour un parti politique, j’ai juste sorti les statuts que j’ai déposés sur la table. Ils ont vu la qualité des rapports. Ils ont vu la qualité des documents. Tous les documents sont numérisés.

Le cas de l’UFDG
Pour l’UFDG, il faut qu’on en parle. Les irrégularités concernent la gestion financière. Vous ne pouvez pas me dire que vous avez construit un siège qui a coûté plus de 10 milliards sans pouvoir justifier comment tout l’argent est entré, et vous me dites simplement que les comptes sont avec des gens en prison. L’autre trésorier est décédé. Nous n’avons aucun document.
Les documents sont avec le président ou se trouvent au palais Sékhoutouréyah. Un parti politique n’est pas géré à Sékhoutouréyah. Il est géré dans son siège, en bonne et due forme.
Ça nous interpelle tous. Quand on doit travailler, on travaille selon les règles de notre pays. Moi, je ne suis pas ce cadre qui va se dire : non, aujourd’hui, parce que je suis au pouvoir, je vais faire ceci ou cela. Cela fait plusieurs gouvernements que je suis là, je travaille et je pense que je suis fonctionnaire. Je me plais bien.
La liste des membres de l’organe de direction, c’est prévu. Mais donnez-nous la liste. Qui sont les membres de l’organe de direction ? Quel est leur mandat ? Est-ce que le mandat des membres du bureau exécutif est respecté ? Les délais d’organisation, les états financiers : si on ne voit pas tout ça… Si je dis que l’UFDG n’a pas fourni les états financiers, non. Ils ont fourni des états financiers certifiés en ce qui concerne l’UFDG.
La question des cotisations
Les registres de cotisation et d’adhésion, on ne peut pas le dire. Nous, on a sous-estimé les partis qui avaient tout en ordre, cotisations saisies et datées, la vente des cartes de membres.
Et quand vous me dites que vous avez vendu 10 000 cartes et que vous avez fait 50 000 cartes, 50 000 cartes que vous vendez à 5 000 GNF, si on a des mathématiciens dans la salle, qu’ils calculent. L’argent a été versé comment ? Comment a-t-il été utilisé ? C’est ça la gestion qu’on demande aux partis politiques.
Des congrès absents ou irréguliers
L’UFDG n’a pas organisé de congrès depuis 2015. Depuis l’année 2015, nous avons demandé des procès-verbaux électifs à tous les nouveaux, mais nous n’avons pas reçu. Et la substitution irrégulière d’une convocation nationale est totalement contraire aux statuts. Parce qu’on a dit qu’il y avait Ebola, on a fait un congrès, on nous a présenté un document en violation des dispositions statutaires.
La convention nationale d’un parti est différente d’un congrès. Parce que le congrès, tel qu’il est bien organisé, c’est comme un gouvernement. Le congrès, tel qu’il est prévu dans les statuts.
Le rôle du conseil politique
La composition des organes de direction. Si vous regardez les décisions telles qu’elles doivent être prises, il ne revient même pas au président Cellou Dalein Diallo de sanctionner quelqu’un. Il y a un conseil politique. Une fois que le bureau exécutif, selon leurs statuts et règlements, prend une décision, il revient au conseil politique de l’appliquer.
Donc ça veut dire que le conseil politique va se réunir à telle date, prendre la décision suivante : examen de tel cas, telle personne est suspendue ou sanctionnée pour telle période. C’est de ces dysfonctionnements qu’on parle, sans toucher à la Charte des partis politiques. Maintenant, ça se retrouve dans tous les partis politiques.
De la nécessité de se mettre en règle
L’UFDG n’est pas le seul. Le président se lève et nomme le chargé de communication. Si je regarde l’UFDG, le président n’a droit de nommer que 5 personnes. Il faut qu’à un moment donné, on arrête de dire que c’est orienté, que c’est contre moi. Même d’autres partis avaient l’habitude de prendre des décisions pour nommer les responsables des femmes. Mais ce n’est pas une entreprise privée, c’est une association, et une association implique des règles et des modes de fonctionnement. C’est ce qu’on demande. Que les gens se mettent en règle. Parce qu’après, quand ça fonctionne comme ça, si l’intéressé se retrouve un jour au palais, ça sera pire.
Salimatou BALDE, pour VisionGuinee.Info
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