Le 5 septembre 2021, le soleil se levait sur Conakry, mais rien n’était ordinaire. Les crépitements de balles avaient remplacé le chant des oiseaux. Des tirs, d’abord lointains, puis de plus en plus proches, ont déchiré le silence de l’aube.
Quelques heures après, le colonel Mamadi Doumbouya, drapé dans une tenue de combat, est apparu sur la télévision nationale, la RTG.
Le pays retenait son souffle. Le visage grave, d’un ton ferme, Mamadi Doumbouya a annoncé la dissolution de la Constitution, du gouvernement et de toutes les institutions de la République. Le CNRD, le Comité national du rassemblement pour le développement, venait de prendre les rênes du pouvoir.
Le président Alpha Condé, à la tête du pays depuis 2010 et réélu pour un troisième mandat controversé, était renversé.
La nouvelle, d’abord accueillie avec scepticisme, s’est rapidement répandue comme une traînée de poudre. Les messages sur les réseaux sociaux se sont multipliés, les appels téléphoniques ont crépité. Les Guinéens, après des mois de tensions et de manifestations réprimées, ont exprimé un mélange de surprise et de soulagement.
Certains sont sortis dans les rues pour célébrer ce qu’ils considéraient comme la fin d’une ère. Ils ont accueilli les militaires avec des cris de joie et des chants, les considérant comme des libérateurs. D’autres, plus prudents, se sont demandé ce que l’avenir réservait au pays.
Les images du président déchu, entouré de soldats, ont fait le tour du monde. La communauté internationale a réagi avec force, condamnant le coup d’État et exigeant un retour à l’ordre constitutionnel. L’Union africaine, la CEDEAO et d’autres organisations ont imposé des sanctions et des suspensions, mais la junte n’a pas cédé. Elle a promis de mettre en place une transition, de lutter contre la corruption et de réformer l’État.
Quatre ans plus tard, les défis restent immenses. Le chemin vers un retour à un régime démocratique est semé d’embûches. Les attentes des Guinéens sont élevées, et la question de l’avenir politique du pays se pose avec acuité.
Le 5 septembre n’est plus seulement une date, mais le symbole d’un tournant, d’un espoir de changement pour certains, et d’une incertitude pour d’autres. C’est un rappel que l’histoire d’un pays peut basculer en une seule journée.
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