À quand enfin une vraie priorité accordée au logement social par nos dirigeants ? Notre capitale est devenue un enfer à ciel ouvert.
À Conakry, la population se retrouve entre le marteau et l’enclume : les loyers n’ont jamais été aussi élevés, et trouver un toit en cette période de grandes pluies relève d’un exploit presque aussi ardu que de soulever le pont de Milo avec une corde effilochée.
Les propriétaires fixent, au gré de leur humeur, des tarifs extravagants, comme si l’État n’existait pas. Pire encore : ils exigent souvent plus de huit mois d’avance avant même de remettre les clés.
L’État ne peut pourtant ignorer ces excès ; car dans un passé récent, nombre de ses hauts cadres étaient eux‑mêmes devenus de puissants bailleurs, propriétaires d’une vingtaine de villas quand ils devraient promouvoir l’accès au logement pour tous.
Rappelons qu’environ 60% des populations de Conakry peinent à réunir 2 000 000 GNF par mois, soit guère plus de 60 000 GNF par jour. « On a trop souffrance », disait une citoyenne au temps de Pr Alpha Conde.
Comment oser demander à quelqu’un qui ne perçoit pas 1 500 000 GNF mensuels de verser la même somme pour la caution d’une simple maison de deux chambres, salon et douche ? Et que dire ensuite du transport, de la nourriture, des soins de santé pour lui et sa famille ?
Le CNRD dispose pourtant de tous les leviers pour relancer et achever les programmes de logements sociaux déjà amorcés à Conakry : c’est la voie la plus directe pour faire baisser la pression locative.
Il serait même judicieux d’étendre ces projets vers Coyah, Wonkifon et Dubréka afin de désengorger le Grand Conakry et de fluidifier la circulation.
Excellence Monsieur le Président de la République, vous êtes aujourd’hui le seul à pouvoir mettre la pression nécessaire sur les entrepreneurs déjà engagés dans ces chantiers pour qu’ils accélèrent le rythme.
Une fois construits, ces logements sociaux inciteraient les propriétaires privés à revoir à la baisse les prix de location de leurs maisons. En ce sens, il s’agit d’une mesure indirectement coercitive.
Certes, il est difficile de réglementer efficacement le secteur locatif privé. Mais si l’État construit massivement, les locataires, en quête de loyers plus abordables, se tourneront naturellement vers ces logements publics, poussant ainsi les bailleurs privés à s’ajuster.
C’est également une source potentielle de revenus pour le Gouvernement, au-delà de l’aspect social et du soulagement qu’elle procure aux populations.
Nous pourrions nous inspirer du modèle marocain, notamment à travers son Programme national de logements sociaux, qui a permis la réalisation de plus de 698 000 unités de logement jusqu’en mars 2024.
Le programme Daam Sakane constitue aussi un exemple pertinent, ayant facilité l’accès au premier logement pour de nombreux ménages marocains.
Le Président de la République, Son Excellence Général Mamadi Doumbouya doit désormais faire de ce projet de construction des logements sociaux son cheval de bataille, car sans une intervention rapide, les habitants de Conakry continueront de souffrir cruellement.
Dr Karamo Kaba
Écrivain Auteur Consultant
Auteur des Livres
- Au prix de la vocation
- Les secrets du couple
Email : tatakaba66@gmail.com
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