Autrefois réputée pour son poisson abondant, la préfecture de Boffa fait face à une crise alarmante. La pêche, pilier de l’économie locale, est en déclin, et les habitants pointent du doigt l’expansion des infrastructures portuaires dédiées à l’exportation minière.
Pendant des années, Boffa a prospéré grâce à la générosité de l’océan et à la fertilité de ses terres. La pêche artisanale nourrissait les familles et alimentait les marchés voisins.
Le témoignage d’un pêcheur :
« Avant, en quelques heures, nos filets regorgeaient de poissons. Aujourd’hui, il faut naviguer une semaine entière pour une maigre récolte. Nous n’avions pas besoin d’aller loin pour pêcher et les dépenses étaient minimes. Maintenant, il faut compter quatre heures en mer, avec des coûts de carburant importants, parfois pour rentrer bredouille à cause du bruit incessant des bateaux miniers. Ces nuisances sonores font fuir les poissons », explique Idrissa Bangoura, chef du port central de Boffa, avec une vive inquiétude.
L’impact des infrastructures minières :
L’implantation de nombreux ports miniers ces dernières années, essentielle à l’exportation des ressources, semble avoir profondément perturbé l’écosystème marin. Le ballet incessant des navires et les nuisances sonores qui en découlent sont accusés de désorienter et de faire fuir les populations de poissons.
Un quotidien bouleversé pour les habitants :
La raréfaction des ressources halieutiques a des conséquences directes et douloureuses sur la vie des habitants de Boffa. Les pêcheurs voient leurs revenus s’effondrer, tandis que le prix du poisson s’envole, affectant l’alimentation de l’ensemble de la population.
Des mères de famille témoignent de la difficulté croissante à se nourrir :
Foulematou Camara, mère de famille, se désole : « Nous n’avons plus les moyens d’acheter du poisson frais, notre principale source de protéines. Tout est devenu cher au marché. Même le poisson importé, conservé avec de la glace qui altère son goût, est hors de prix. Si vous n’avez pas d’argent, vous ne pouvez plus manger de bon poisson. »
Makhady Sylla renchérit, exprimant un sentiment d’urgence : « Franchement, c’est devenu insupportable. Avant, avec 2 000 francs guinéens, on pouvait au moins acheter quelques morceaux de poisson pour la sauce. Aujourd’hui, même le poisson congelé, que l’on disait bon marché, coûte trop cher. Comment une mère de famille peut-elle nourrir ses enfants dans ces conditions ? J’ai remarqué que les prix des poissons importés ont doublé en quelques mois. Faire un plat correct pour la famille est devenu une mission impossible. Même en réduisant les quantités, les dépenses explosent. C’est vraiment difficile pour nous. Nous implorons l’aide des autorités. »
Un appel à l’action :
Face à cette situation critique, les habitants de Boffa lancent un appel pressant aux autorités compétentes afin qu’elles se penchent sur les conséquences de l’activité minière sur les ressources halieutiques et prennent des mesures pour protéger leur avenir et leur sécurité alimentaire.
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