Ce samedi 19 avril, notre rédaction est allée à la rencontre d’Amadou Bah dans son champ à Sonfonia. Un jeune entrepreneur qui évolue dans la production agricole depuis plusieurs années. Issu d’une famille d’agriculteurs, Amadou Bah exerce ce métier avec passion et vision.
Selon lui, ‘’l’agriculture, je la résume en trois phrases. Il y a l’histoire, la passion et la vision. Je suis issu d’une famille d’agriculteurs. Je peux dire que tout ce que j’ai, c’est grâce à l’agriculture. Parce que l’agriculture a fait de moi ce que je suis (…). C’est depuis tout petit que je partais au champ. On nous disait de planter une pomme et on en récoltait dix. Ça m’a poussé à avoir une passion pour l’agriculture. La vision, un pays comme la Guinée, avec un grand potentiel agricole, avoir une vision dans ce secteur, c’est le plus important. C’est l’une des conditions essentielles de notre développement’’.
Ce jeune passionné de la terre, reconnu pour son dynamisme dans la production des cultures maraîchères, fait aussi de la production végétale. À côté de ça, Amadou Bah forme des jeunes pour promouvoir l’insertion de la jeunesse dans le métier d’agriculteur.
‘’Je fais aussi de la production végétale. J’ai presque tout tenté. Pas seulement le maraîchage, je fais aussi des céréales, comme le riz, des légumes exotiques qu’on ne trouve pas sur le sol guinéen. On importe des semences, on les produit ici pour ravitailler les personnes qui ont un régime alimentaire habituel’’, déclare-t-il.
‘’J’ai un champ école à Conakry où on forme des jeunes. Avec les incubateurs, on est en train de promouvoir l’insertion des jeunes dans le métier de l’agriculture, non seulement pour lutter contre le chômage, mais aussi pour augmenter la croissance économique’’, ajoute Amadou Bah.
Des difficultés tout au long de la production
À l’en croire, ‘’les difficultés sont énormes. Comme on aime à le dire, l’agriculture, c’est comme les mathématiques. Parfois, on résout tout. Parfois, on ne fait que des exercices similaires. Nous sommes en pleine refondation, beaucoup de choses ont été prises en compte, il faut le reconnaître. Le ministre de l’agriculture, depuis son arrivée, a beaucoup misé sur le secteur de l’agriculture, qui avait beaucoup de problèmes. Quand je prends les états généraux de l’agriculture et de l’élevage, qui ont conduit à la table ronde des agripreneurs jusqu’au lancement des projets à travers le FODA (Fonds de développement agricole), je pense qu’on a des problèmes, mais nous avons aussi des solutions. Des solutions sont en train d’être envisagées. On a la chance d’avoir un ministère qui nous écoute beaucoup maintenant. Aujourd’hui, le réseautage qu’il y a entre nous est plus dynamique que par le passé. Ils nous écoutent. Ils nous donnent la force d’être avec eux et ils cherchent à agir’’.
‘’On a constaté que la plupart des recommandations qu’on avait faites en 2024, lors de cette campagne, le ministre les a toutes prises en compte. C’est un acte à saluer. Les financements sont en cours. On a postulé pour le cas du FODA, et il y a aussi la distribution des intrants qui est en cours’’, indique ce producteur agricole.
Abondance de certains légumes sur le marché
Depuis un certain temps, nous constatons une abondance de certains légumes sur le marché, avec des prix abordables pour les consommateurs. Amadou Bah explique les raisons.
Ce jeune producteur agricole affirme que ‘’c’est un facteur de réussite. Mais qui gagne, qui perd ? En Guinée, il y a plus de bas-fonds que de plaines aménagées. Si vous voyez qu’il y a une abondance d’aubergines sur le marché, c’est parce que l’année dernière, il y a eu une forte pluviométrie. Les bas-fonds étaient humides. Dans les années passées, il y avait beaucoup de problèmes phytosanitaires au niveau de ces bas-fonds, des problèmes d’insectes. Et avec l’inondation, ça a pu emporter beaucoup de maladies. Donc les terres sont devenues presque vierges. En tout cas, il y a une rotation qui est là’’.
‘’Cette année, tous les agriculteurs se sont lancés dans une même production. Ils sont arrivés au même moment sur le marché, et le prix est vraiment bas. En même temps aussi, depuis le mois de février, il y a la pluie dans les zones de production telles que Mamou, qui est la plus grande zone de production d’aubergine. La tomate à Dalaba et à Mamou, vers Soumbalako, c’est ce qui a créé l’abondance de la production. Je pense que cette abondance devait être organisée. Parce qu’on aura deux mois d’abondance et dix mois de rareté’’, déplore Amadou Bah.
Amadou Bah assure qu’il faut impérativement passer par la transformation des produits agricoles. Ce jeune producteur invite les autorités en charge du secteur à s’impliquer davantage pour la création d’industries.
‘’Il faut maîtriser la chaîne de la production, parce qu’on a plus de périodes de rareté que d’abondance. Quand on prend la période de juillet à octobre, vous ne trouverez pas assez de tomates sur le marché. L’aubergine aussi, à partir du mois de juin jusqu’à février, il y aura une rareté. Donc, c’est de voir quels sont les facteurs qu’il faut mettre en place, les techniques qu’il faut apporter afin que les agriculteurs puissent avoir une production pendant les temps de rareté. Il faut aider les agriculteurs pour qu’ils puissent fonctionner de cette façon afin de ravitailler le marché. Parce qu’avoir deux mois d’abondance et dix mois de rareté, c’est une politique vide’’, estime-t-il.
Selon lui, ‘’il faut envisager des chambres froides pour conserver les légumes frais et aussi les transformer. Déjà, lors de la campagne agricole de cette année, le ministère de l’Agriculture a envisagé pas mal de chambres froides dans les zones de production, parce que ça a été une recommandation des producteurs, et ça a été pris en compte. Il faut aussi penser à la transformation. Il faut que l’État puisse accompagner les grands producteurs dans la production pour qu’ils puissent être des producteurs industrialisés. Ils peuvent produire pour servir des industries au moment où on a de la rareté afin que ces productions puissent être destinées à des fins précises’’.
Amadou Bah envisage de s’investir pour favoriser l’insertion de la jeunesse dans le métier d’agriculteur. ‘’La production, je le fais pour des raisons économiques personnelles, mais à côté de ça, il y a aussi la promotion de la jeunesse. Je pense qu’aujourd’hui, avec toute cette opportunité que nous recevons dans le pays, notamment avec le projet Simandou dont le pilier est l’agriculture, plus de 650 km de rails en corridors, je pense que la jeunesse devait se positionner pour bénéficier de ce projet’’.
Il invite les jeunes à se former et à se tourner vers l’agriculture : ‘’les jeunes doivent s’intéresser à la promotion économique de Simandou. Déjà, c’est un programme qui est vaste et qui demande de la compétence. Quand je prends les personnes qui ont fait la logistique et le transport, ils peuvent bénéficier du projet Simandou. Comment faire des propositions pour développer une ligne de transport routier pour les produits agricoles ?’’
‘’Parce que, le plus souvent, nous embarquons nos produits dans des camions qui ont déversé du ciment. Même au niveau du grand marché de Matoto, avoir un endroit pour garer nos camions, c’est un problème. Il faut qu’on crée des centres de débarquement de légumes afin que des jeunes qui ont fait la logistique et le transport s’intéressent à la logistique agroalimentaire. Je pense que c’est la création d’emplois qui va s’effectuer, mais aussi l’épanouissement de la jeunesse’’, affirme Amadou Bah.
Djiwo BARRY, pour VisionGuinee.Info
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